Le coronavirus est un phénomène angoissant car inhabituel et non prévu
Le monde entier est actuellement pris par un phénomène que peu d’experts (des données, de la géopolitique, de la stratégie ou des plateaux de télé) avaient anticipé. Le coronavirus est le cygne noir de l’année 2020, celui qu’on n’avait pas vu venir, empêtrés que nous sommes dans nos quotidiens et nos grilles d’analyse pré-remplies sur lesquelles on s’applique à extrapoler des courbes rassurantes et connues.
Jusqu’ici, les risques de crise majeure étaient réservés aux seuls phénomènes connus dont on s’amusait à exagérer les conséquences dans un sens ou dans l’autre. L’avenir que nous anticipions, s’il pouvait paraître inquiétant par endroits, n’en était pas moins familier, presque confortable : on parlait Trump, Brexit, Iran et Arabie, montée des populismes et révoltes populaires, crises climatiques et flux migratoires. Bref, on refaisait le monde avec du vieux, du connu.
Prendre des décisions dans un contexte de connaissance limitée
L’arrivée du Coronavirus est donc venue mettre un grand coup de balai dans nos certitudes. Elle est venue nous dire qu’il ne suffit pas d’avoir un don pour décoder l’information, qu’il faut aussi savoir ménager une place aux éléments imprévisibles, ceux qui sont capables de détruire nos châteaux de cartes savamment élaborés pour satisfaire les besoins de notre illusion de connaissance.
Sans savoir si le virus fera des millions de morts comme la grippe espagnole toujours de sinistre mémoire ou non, nous devons aujourd’hui anticiper l’avenir en comptant sur un tout petit stock d’informations insuffisant pour affirmer de nouvelles certitudes.
Les cygnes noirs sont ainsi : ils nous obligent à faire évoluer la façon dont nous pouvons anticiper l’avenir par visibilité réduite et par conséquent, la façon dont nous sommes habitués à prendre des décisions.
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